Hommage à Jean-Claude REY prononcé par Guy RAIMBEAU lors de l'Assemblée Générale de la SOO le 31 Mai 2024

mercredi 5 juin 2024

Jean Claude Rey nous a quittés le 17 mai dernier, il s’approchait de ses 96 ans, il était né le 11 juillet 1928 dans la ville de Moka dans la région centrale de l’ile Maurice.

La SOO ne peut et ne doit pas l’oublier. Il fut un membre très actif sans jamais se mettre en avant. Rédacteur adjoint de Jean Mallet et de Jean Castaing pour les Annales d’Orthopédie de l’Ouest dès le premier numéro en 1969 soit deux ans après son arrivée à Angers. Il devint le rédacteur en chef en 1991 de la célèbre revue verte, recueil des travaux significatifs de chaque congrès et dont le Year Book ne manquait pas de citer certains articles.

Il fut aussi secrétaire général de notre société de 1984 à 87 prenant la suite de Jean Lannelongue avec qui il avait lié une complicité certaine pendant de nombreuses années.

Il fut notre président en 1988. Pour son congrès réuni à Angers, il accueillit avec fierté son patron devenu son ami le Pr Jean Cauchoix. Anglophone, Jean Claude Rey développa des liens avec la Société de l’ouest d’Angleterre dont une délégation assista à son congrès. Ce fut aussi pour lui l’occasion de diriger une table ronde sur les épiphysiolyses sujet qui le passionnait ayant introduit à Berk la technique de Dunn en 1964.

Sur le plan national, il fut également très actif à la SOFCOT comme membre du comité scientifique et du centre de documentation. Il sera président du congrès en novembre 1993.

Chirurgien du rachis reconnu, il fut membre très actif au sein du Groupe d’étude de la Scoliose (GES)

Jean Claude Rey fut un maître chirurgien et un humaniste très cultivé.

Nommé à l’internat de Paris en 1956, il devient un élève apprécié de Jean Cauchoix avec qui il partageait la langue de Shakespeare. Il restera dans le sillage de son patron de l’hôpital St Louis à Beaujon avant de commencer en 1962 sa propre carrière à l’Institut Calot à Berk sous la direction médicale de Jean Cauchoix Jean Claude Rey fera partie du premier cercle fondateur de l’école Berkoise de renommée internationale en particulier pour la chirurgie du rachis.

Il qualifiera cette période de 7 ans, de fructueuse et riche en amitiés, amitiés qu’il liera non seulement avec ses collègues de l’Institut Calot, tout particulièrement Gaston Héripret et Georges Morel, mais aussi avec ceux des Établissements Hélio marins et de la Fondation franco-américaine.

En 1969, Jean Mallet l’appelle à le rejoindre à la clinique St Léonard à Angers.  Avec lui, il va développer cette clinique qui se consacrera quasi exclusivement à l’orthopédie à la fois adulte et pédiatrique créant ainsi cette spécialité à Angers. Cette orientation d’hyper-spécialité et de pôle d’excellence en orthopédie était vraiment novatrice et permettra le rayonnement de cette clinique dans tout l’ouest de la France.

Jean Claude Rey opérait avec délicatesse et s’imposait le « no touch » appris de son maitre Cauchoix. Il était curieux et aimait rappeler tout en opérant : les variations anatomiques, la manière de contourner les pièges opératoires. Ingénieux, il développa à Berk la rugine de Rey pour faciliter le passage du crochet pédiculaire de la tige de Harrington et quelques années plus tard à Angers, il créa les vis pédiculaires pour optimiser la correction du rachis sur ces tiges, idée très novatrice pour l’époque.

Jean Claude Rey était aussi un homme cultivé et plein d’humanisme.

Fin 1993, il prend sa retraite et confie sa patientèle à Henry François Parent.

Il peut alors redonner du souffle à son « esprit insulaire » comme il le répétait en y ajoutant avec malice « défaut incurable ». Maitrisant l’art du dessin et de la gravure, il aimait aussi converser sur des points techniques qu’avaient dû utiliser l’artiste et partager son ressenti face à une œuvre. En décembre 2019, il se déplaça à Brest pour assister au colloque international sur Léonard de Vinci organisé par Dominique Le Nen. Ses remarques et commentaires étaient empreints de pertinence et de finesse. Féru d’histoire, de la médecine, il apporta sa contribution par de nombreuses publications dont une histoire des traitements de la scoliose.

Sa culture générale était immense. Il aimait se documenter sur de nombreux sujets. Aussi il appréciera l’apport d’internet tant pour le monde de la botanique dont il était passionné que pour les recherches généalogiques ce qui lui permit de découvrir son ancêtre qui avait fui l’Europe pour l’ile Maurice au 19ème siècle.

Proche de ses patients, ceux-ci respectaient leur chirurgien. Il prit en charge tous les cas sans   se dérober tant à l’hôpital lorsqu’il était vacataire qu’à la clinique.

Il n’aimait pas les conflits, préférant souvent faire silence de ses désaccords pour n’y revenir qu’a distance avec des éléments objectifs servis par son habileté et son esprit mauricien si apaisant.

Jean Claude Rey nous aura marqués. Je remercie HF Parent, empêché d’être avec nous aujourd’hui, de m’avoir confié cet hommage qu’il aurait tant aimé lui rendre.

Cette photo, transmise par Jocelyne, prise lors du congrès de Rennes en 2018 témoigne l’affection qu’il portait envers la SOO.

Merci pour ton exemple Jean Claude, nous ne pouvons pas t’oublier.

 

 


Retour